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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/272

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XL

LA POLITIQUE DES IROQUOIS

Quand Ohquouéouée arriva dans le cercle de lumière que projetait le feu autour duquel étaient assis les principaux guerriers de la bande iroquoise, elle fut tout étonnée, aux premiers mots qu’elle entendit, de constater que le sujet de la discussion, pourtant très animée, était tout autre que le sort du prisonnier resté vivant : le conseil s’était remis à discuter sur la route à suivre pour retourner à Sarastau.

Oréouaré, le chef, qui n’avait consenti à retourner dans leur pays en passant par la Connecticut qu’à contre-cœur et pour ne pas compromettre son autorité sur la bande, faisait une dernière tentative pour décider ses compagnons à revenir à la rivière Magog et à s’en retourner chez eux en passant par le lac Memphrémagog, les montagnes Vertes et la rive occidentale du lac Champlain.

En insistant pour que la bande prît le chemin le plus court, Oréouaré avait un but personnel : cet Iroquois ambitionnait depuis longtemps de devenir le chef de sa tribu. Tant qu’Ohquouéouée avait été considérée comme devant succéder à son père, il s’était contenté, pour atteindre son but, de faire tout en son possible pour lui plaire, ainsi qu’au vieux chef.

Son intention était de succéder au père en se faisant accorder la fille comme épouse. Mais Ohquouéouée, soit qu’elle fût trop jeune pour penser à l’amour, soit qu’Oréouaré lui déplût réellement, n’avait jamais répondu aux avances de l’aspirant chef ; et l’ambitieux onnontagué en avait été pour ses frais.