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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/273

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Après la disparition d’Ohquouéouée, l’automne précédent, Oréouaré avait changé de tactique. À partir de ce moment, il s’était appliqué à imposer son autorité dans toutes les circonstances où il avait eu l’occasion de le faire ; dans l’espoir que les autres guerriers s’habitueraient peu à peu à lui obéir et que, la mort du vieux chef survenant, il prendrait tout naturellement sa place.

Parmi ces tribus sauvages, qui n’avaient ni constitution, ni code de lois établies, le poste de chef était une situation assez précaire ; et ils étaient très rares ceux qui, comme Cayendenongue, restaient chefs toute leur vie et qui, même à leur mort, avaient encore assez d’autorité pour tenter de désigner leur successeur.

Les chefs n’étaient le plus souvent choisis que temporairement ; soit que ce fût pour une expédition de guerre, une tournée de chasse ou pour toute autre entreprise. Il arrivait aussi que la même tribu avait plusieurs chefs : un pour la guerre, un pour la chasse, un pour présider les conseils de la tribu ou pour représenter la tribu dans les conseils de la nation, ou autres circonstances solennelles.

Leur manière de se choisir des chefs était aussi des plus arbitraires. Ils ne connaissaient aucun mode de sélection, ou d’élection, mais ils faisaient leur choix selon l’impulsion du moment.

Quand un guerrier plus ambitieux que les autres voulait être chef, il n’avait qu’à réunir autant de guerriers qu’il le pouvait en un conseil, où il leur proposait une expédition ou une entreprise quelconque. Puis il se mettait en route, suivi de tous ceux qui avaient approuvé son projet et qui l’avaient accepté pour chef.