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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/274

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Mais il arrivait des fois que, au cours de cette même expédition ou entreprise, un autre guerrier survenait avec une autre proposition ; et ce dernier, du coup, entraînait toute la bande à sa suite. Et le premier chef, qui perdait ainsi son autorité en même temps que ses partisans, n’avait d’autre ressource que de se mettre, lui aussi, à la suite du nouveau chef, tout en guettant une occasion de ressaisir l’autorité.

Les chefs qui imposaient ainsi leur autorité à force d’énergie ou en proposant ou en mettant à exécution des entreprises qui intéressaient toute la tribu, quelquefois toute la nation, ne devaient leur élévation qu’à leurs mérites. De ceux-là avait été Cayendenongue, le père d’Ohquouéouée. Et les mérites de ce vieillard avaient été si grands, qu’il était demeuré chef incontesté jusqu’à sa mort.

Mais, à côté de ces véritables chefs, il y avait ceux qui étaient ambitieux, mais qui n’étaient pas doués d’assez de génie, ou qui n’étaient pas assez vertueux pour arriver aux honneurs par leurs seuls mérites. Ceux-là étaient les politiciens ; et, de leur nombre, était Oréouaré.

À défaut de génie, ces politiciens sauvages employaient, pour arriver à leurs fins, la ruse ; ou, en d’autres termes, le mensonge, la calomnie, la corruption, les menaces, les flatteries. C’est-à-dire que, comme les politiciens modernes le font à l’égard de leurs concitoyens, ils exploitaient sans vergogne toutes les mauvaises passions de leurs camarades.

Nous ne pouvons nous empêcher, en passant, de constater comme la politique et les politiciens n’ont pas changé depuis ces temps anciens… Tout a marché, tout s’est amélioré, tout s’est civilisé depuis deux