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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/278

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entendu les autres guerriers et de connaître leurs dispositions à son égard.

Ohquouéouée attendit assez longtemps pour être certaine qu’Oréouaré n’avait plus rien à dire, et aussi qu’aucun autre guerrier n’avait l’intention de parler, avant de se lever. Une fois debout, elle promena un regard ferme et assuré sur le cercle de visages bronzés qui l’entouraient, et qui tous étaient tournés vers elle. Chacun de ces visages était éclairé par une paire d’yeux noirs et brillants, qui regardaient la jeune fille avec attention.

Un par un, elle plongea son regard dans celui de tous les guerriers qui, commençant à sa droite et finissant à sa gauche, formaient un cercle dont le centre était occupé par le feu. Un par un, elle étudia leur physionomie et elle chercha à lire au fond de leur cœur les sentiments qui les animaient à son égard.

C’étaient tous de vieux guerriers qui avaient, à la suite de son père, parcouru le pays en vainqueurs. Ils l’avaient tous vue grandir, et ils avaient tous été témoins du soin avec lequel son père l’avait élevée, aussi bien que de l’affection que le père et la fille avaient eue l’un pour l’autre.

Elle vit que chacun de ces vieux compagnons de son père avait un regard affectueux pour la fille de leur chef respecté ; et elle crut qu’elle n’aurait pas de peine à les gagner à sa cause, c’est-à-dire à la cause du jeune Canadien, qui était tout ce qui l’intéressait au monde.

Alors elle parla ; et, en ce moment, elle était bien la fille de sa race ! Elle était bien surtout la fille de l’un des plus grands chefs que sa race ait produits, car elle s’apprêtait à montrer qu’elle avait su profiter