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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/279

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des enseignements que lui avait prodigués son illustre père.

XLI

LE SORT DE ROGER SE DÉCIDE

Voici comment Ohquouéouée parla aux guerriers de Sarastau réunis en conseil, au confluent du Saint-François et de la Massawippi :

— Oréouaré veut savoir comment il se fait que je sois seule dans ce pays éloigné… Vous aussi, sans doute, désirez le savoir ?… Je vais vous l’apprendre. Mais, auparavant, j’ai à vous faire part d’une nouvelle qui va remplir vos cœurs de tristesse : Cayendenongue ! votre chef, celui qui vous a tant de fois conduits à la victoire, celui qui, tant de fois, a fait honneur à notre tribu dans les conseils de la nation, aussi bien que dans ceux où toutes les tribus étaient représentées, celui dont le nom faisait trembler tous les Peaux-Rouges qui habitent le long de la Grande Rivière de Canada et de l’autre côté des Grandes Eaux Douces ! celui qui savait se faire respecter de Corlaer, (nom que les Iroquois donnaient aux gouverneurs de la Nouvelle-York) aussi bien que de notre ennemi Ononthio (nom qu’ils donnaient aux gouverneurs de la Nouvelle-France,) Mon père !… — ici Ohquouéouée s’inclina profondément et fut plusieurs minutes silencieuse — Mon père est parti pour les territoires de chasse d’où l’on ne revient jamais !

À ces paroles, les guerriers ramenèrent leurs couvertures de peaux par-dessus leurs têtes et, le visage ainsi caché, ils se tinrent immobile pendant plusieurs