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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/29

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couple d’heures, un petit cours d’eau ; et, comme le soleil disparaissait derrière les arbres, nous arrivâmes auprès d’un lac immense, sur la rive duquel nous campâmes pour la nuit.

Le matin suivant, en m’éveillant, je sortis de ma cabane — tous les soirs, les vieilles femmes qui m’avaient sous leur garde érigeaient une espèce de cabane faite d’écorces et de branchages, dans laquelle il me fallait passer la nuit avec l’une d’elles comme gardienne. — Je sortis donc de ma cabane et vis la grève garnie d’un grand nombre de canots. Dans l’un des plus petits, conduit par deux de mes gardiennes, l’on me fit prendre place, pendant que le reste de la bande s’installait pêle-mêle dans les autres.

Puis la flottille s’engagea sur le lac, qu’elle mit trois jours à parcourir dans sa longueur. Ensuite, laissant le lac, nous nous engageâmes dans une large et belle rivière, que nous descendîmes jusqu’à un autre grand lac, que j’ai appris depuis n’être qu’une partie de la Grande Rivière de Canada.

— Je comprends ! interrompit celui qui l’écoutait. Les Algonquins t’ont amenée dans leur pays, situé au nord d’ici, où tu as dû passer l’hiver. Cet été tu t’es enfuie et tu es repartie dans la direction de Sarastau, ton village ?… Et c’est pour traverser le lac Saint-Pierre que tu voulais t’emparer de mon canot ?

Ohquouéouée baissa la tête sans répondre, pendant que ses joues prenaient encore une fois cette teinte plus foncée.

Mais comment se fait-il, continua le jeune homme, qu’après avoir habité sept ou huit mois chez les Al-