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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/281

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Quand, avant la dernière saison des neiges, je disparus de notre pays, enlevée de force par un Algonquin, je fus emmenée dans un village de cette nation, situé à plusieurs journées de marche de l’autre côté de la Grande Rivière de Canada. Je n’aurais jamais réussi à m’échapper de ce village, et à revenir dans mon pays, sans le secours d’un jeune guerrier blanc…

— Un guerrier d’Ononthio ? interrompit un de ceux qui l’écoutaient.

— Oui ! d’Ononthio, répondit Ohquouéouée, quelque peu interdite.

Aussitôt, la physionomie de ses auditeurs changea complètement d’aspect. D’ouverte et bienveillante qu’elle avait été jusque-là, elle devint fermée et sombre chez la plupart des guerriers, pendant que, dans le regard d’Oréouaré, brillait une lueur de satisfaction.

Continuant, bien qu’avec moins d’assurance qu’au début de son discours, Ohquouéouée leur raconta sa fuite de chez les Algonquins, dans quelles circonstances elle avait rencontré Roger, comment il l’avait transportée dans son canot d’un côté à l’autre du lac Saint-Pierre, traversée qu’elle n’aurait jamais pu faire sans son secours. Elle leur fit ce récit en insistant sur le fait que, sans l’aide du jeune guerrier blanc, elle n’aurait jamais pu revenir à temps dans son pays pour recevoir les dernières volontés de son père, en même temps que son dernier soupir, mais qu’au contraire elle serait certainement retombée aux mains des Algonquins. Puis elle leur dit comme son sauveur était beau, grand et fort. Ensuite elle vanta son adresse au fusil et à l’arc. Elle n’oublia pas non plus de leur dire comme il était bon nageur et d’ap-