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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/282

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puyer sur le fait qu’il parlait les deux principales langues sauvages : l’algonquin et le huron, cette dernière étant celle des Iroquois, et de leur expliquer qu’il était fait aux us et coutumes des sauvages, ayant vécu dans une bourgade d’Algonquins pendant tout un hiver.

En terminant, elle leur apprit que celui qu’elle cherchait pour en faire son époux, en même temps que leur chef, était celui qu’ils retenaient prisonnier, attaché à un arbre ; et elle prit occasion du nombre de guerriers qu’il leur avait tués ou blessés pour vanter de nouveau sa force, son adresse et ses autres qualités guerrières.

Elle avait parlé longtemps, dans le plus morne silence, comme si elle eut parlé à des statues. Elle n’avait été interrompue qu’une seule fois, par la question du vieux guerrier, laquelle constituait une dérogation aux coutumes sauvages qui voulaient qu’un orateur fut écouté en silence et sans être interrompu, et qui était due à l’émotion causée par l’arrivée inopinée d’Ohquouéouée et par l’importance du sujet en jeu.

Quand la jeune fille eut fini de parler et qu’elle se fut rassise, le silence continua de planer sur l’assemblée pendant plusieurs minutes. On sentait que ce qui allait être dit ensuite allait décider du sort de la fille de Cayendenongue, et personne ne voulait être le premier à la frapper.

À la fin, un des plus vieux parmi les guerriers présents se leva et, s’adressant aux autres guerriers demeurés assis, il parla en ces termes :

— Le grand chef de la tribu de la Tortue, de la grande nation onnontaguée, Cayendenongue ! Celui