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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/283

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qui était considéré comme le plus sage, en même temps que le plus brave parmi tous les chefs du pays, est parti pour la Grande Chasse !… Ainsi nous l’apprend sa fille !… Nous nous attendions tous à ce qu’il ne pourrait pas rester longtemps parmi nous. Cependant, nous espérions tous qu’il serait encore là quand nous reviendrions de la présente expédition !… Quand nous arriverons à Sarastau, Cayendenongue n’y sera plus !… Sa cabane sera déserte et son feu sera éteint !… Sa fille nous rapporte ses dernières paroles. Elle dit que le désir de son père fut qu’elle devint la femme d’un homme qui serait notre chef, qui prendrait la place de Cayendenongue !… Je crois qu’elle dit la vérité. Nous savons tous que notre chef respecté, n’ayant pas eu de fils, désirait que sa fille devint l’épouse de son successeur. Mais nous savons aussi que Cayendenongue n’aurait jamais pensé que sa fille put un jour désirer se donner à un homme… non-seulement à un homme qui n’appartient pas à notre tribu ni à aucune autre tribu sauvage, mais à un Blanc !… à un guerrier d’Ononthio… la pire espèce de Blancs ! ajouta-t-il, pendant que son visage prenait une expression de souverain mépris. Et ce Blanc qu’elle veut prendre pour époux et nous donner pour chef est notre prisonnier ! Il vient de tuer ou blesser plusieurs de nos meilleurs guerriers !… Pour moi, je n’obéirai jamais à un chef qui ne sera pas de ma nation et de ma tribu !

Sur ces dernières paroles, pleines de fierté, le vieux guerrier se rassit, sans avoir eu une parole de bienvenue pour la fille de son ancien chef.

Plusieurs autres guerriers se levèrent tour à tour et parlèrent après le premier, et tous ils abondèrent