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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/287

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pecté de tous ceux qui ont eu le bonheur de le connaître. Vous vous êtes tous déclarés prêts à reporter sur celui que notre sœur bien-aimée choisirait pour époux, l’affection et l’obéissance que vous avez eues pour son père… Mais à une condition ; c’est que celui qu’elle choisirait serait de notre sang et de notre couleur, sinon de notre tribu… Un tel projet aurait pu se réaliser si Ohquouéouée n’avait pas toujours méprisé les guerriers de son sang… Vous savez tous que, depuis longtemps, j’ai désiré prendre pour épouse celle qui vient de vous parler. J’aurais été heureux de la prendre dans ma cabane, même si elle n’eût pas été la fille de notre chef !… Mais vous savez tous qu’elle a toujours refusé de venir dans ma cabane, qu’elle n’a jamais voulu, non plus, aller dans la cabane d’aucun autre guerrier de sa nation… Vous vous êtes, sans aucun doute, souvent demandé pourquoi elle refusait les offres de vos fils, les plus beaux et les plus braves guerriers de toute la nation onnontaguée ?… Vous le voyez maintenant !… Si elle refusait les offres des guerriers qu’elle avait vus grandir à ses côtés, c’était pour attendre, qui ?… Non pas un guerrier d’une tribu voisine !… Non pas un guerrier d’une autre nation sauvage !… Non pas, ce qui eût déjà été un affront pour toute la race sauvage, un guerrier yanguise, (les Iroquois prononçaient ainsi le mot « english ») mais un des pires ennemis de notre race ; un guerrier d’Ononthio, un de ceux qui accompagnaient les Algonquins quand ils vinrent attaquer notre village et amenèrent celle même qui les préfère à nous, prisonnière dans leur pays.

Dans cette partie de son discours, la voix d’Oréouaré, excité par les diverses passions qui l’agitaient,