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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/295

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Quand elle eut fini de tout lui raconter, Roger, qui l’avait écoutée sans l’interrompre une seule fois, la considéra quelques instants avec des yeux remplis d’affectueuse admiration. Puis, se rapprochant d’elle, il lui entoura les épaules de son bras et l’attira à lui en disant :

— Oréouaré disait-il vrai quand il prétendait que tu avais appris la langue et adopté la religion des Français ?

— Moi désire être chrétienne !… répondit Ohquouéouée en assez bon français.

Alors le jeune homme, au comble de la joie, serra la jeune fille sur son cœur et l’embrassa avec transports en disant :

— Chère Ohquouéouée !… Tu m’as sauvé la vie, au prix de ce que tu avais de plus cher, et maintenant les tiens te chassent et t’abandonnent dans ce pays éloigné !… Viens avec moi dans mon pays ! Je te promets que, aussitôt que ce sera possible, je te prendrai pour épouse !… Et, dès maintenant, je te jure de ne jamais aimer une autre femme que toi !

Il allait continuer sur le même ton, quand Ohquouéouée, se dégageant doucement, lui montra Oréouaré qui s’en venait vers eux.

Le chef iroquois, en s’approchant des deux jeunes gens, avait deux choses en vue : il voulait d’abord s’assurer qu’Ohquouéouée était toujours décidée de s’en aller chez les Blancs avec le jeune chasseur de noix ; mais, surtout, il voulait empêcher la jeune fille de communiquer avec les guerriers de Sarastau, afin d’éviter un rapprochement toujours possible entre les deux camps.