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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/296

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Le soir précédent, après qu’Ohquouéouée se fut retirée du conseil et qu’elle fut partie en emmenant Roger, tout le monde s’était installé pour dormir, car la nuit était avancée. Mais le matin venu, la discussion avait repris au sujet de la route à suivre pour retourner à Sarastau.

À présent qu’Oréouaré savait le vieux chef mort et sa fille écartée du chemin de son ambition, il n’avait plus la même hâte de retourner dans son village. Au contraire : il se disait que, comme il était le chef reconnu de la bande pour tout le temps que durerait la présente expédition, plus le voyage serait long, plus il aurait le temps d’affermir son autorité sur les guerriers qui l’accompagnaient, et plus il lui serait facile, à leur retour à Sarastau, d’étendre cette autorité sur toute la tribu.

La discussion ne fut donc pas de longue durée, et le rusé compère se rangea bientôt à l’avis de ceux qui voulaient passer par la Connecticut, tout en affectant d’agir ainsi par considération pour ceux de ses compagnons qui avaient d’abord suggéré cette route, et de n’être mû, en cédant à leurs instances, que par le désir de leur plaire. Puis il les avait quittés en leur disant qu’il allait voir Ohquouéouée et le Canadien, afin de se renseigner sur la meilleure route à suivre pour atteindre la rivière Connecticut, et en leur recommandant de hâter leurs préparatifs pour un prochain départ.

En arrivant auprès des deux jeunes gens, le chef s’adressa à Ohquouéouée et lui demanda par quelle direction elle était arrivée à cet endroit, et si elle n’avait pas eu connaissance d’un affluent de la Massa-