Aller au contenu

Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/299

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 299 —

rivière ; car, dans ce cas, il lui eût fallu dire adieu au miel et aux peaux d’ours que Le Suisse et lui avaient amassés, et qu’ils avaient laissés dans leur hutte, au pied du rapide. Puis, quand il fut certain que les sauvages continuaient leur route par la Massawippi, il revint au canot, dans lequel il s’embarqua en compagnie de la jeune Indienne.

Ils descendirent la Massawippi jusqu’au campement, maintenant désert, des Iroquois. Et là, mettant pied à terre, Roger s’arma de l’instrument qui leur avait servi de bêche et de tisonnier pendant tout le cours de l’expédition, puis il se mit à la recherche d’un endroit où le sol serait assez élevé et assez sec pour y creuser une fosse.

Cette recherche le ramena jusqu’au renflement de terrain dont nous avons déjà parlé, entre la vallée de la rivière Saint-François et celle de la rivière au Saumon. Arrivé là, il enleva sa tunique et se mit à creuser la terre.

Quand la fosse fut assez profonde, il y transporta, avec l’aide d’Ohquouéouée, le corps de Le Suisse. Avec précautions, ils le déposèrent au fond de la fosse, où ils le couchèrent sur un lit de mousse. Puis Roger le recouvrit de grands morceaux d’écorce et remplit la fosse de terre.

Ensuite, encore aidé d’Ohquouéouée, il érigea, sur la fosse comblée, un monticule de cailloux qu’ils ramassèrent sur la grève. Puis ils surmontèrent le tout d’une croix, que le jeune homme façonna de deux branches d’arbre.

Ce travail achevé, et après avoir récité une prière sur la tombe de celui qui lui avait par deux fois sauvé la vie, qui avait été son compagnon fidèle depuis