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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/300

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bientôt quatre mois ; de celui que les centres importants de la colonie ne verraient plus revenir, à l’approche de l’hiver, pilotant un canot chargé de noisettes, de faînes, de miel et de peaux d’ours : douceurs toujours bienvenues des habitants de la Nouvelle-France, et qui passait l’hiver et le printemps à faire, pour tous ceux qui voulaient l’employer, les commissions entre Québec, les Trois-Rivières, Montréal et les environs, comme très souvent, à de bien plus grandes distances, le Canadien entraîna l’Iroquoise vers le canot, dans lequel ils se rembarquèrent.

Après avoir manié l’aviron tout le reste de la journée, Roger et celle qu’il considérait, maintenant, comme sa fiancée, venaient, à la tombée de la nuit, camper à la tête du premier rapide qu’il leur fallait dépasser en descendant le Saint-François.

XLIII

RETOUR PÉNIBLE

Avec la nuit, la pluie était venue. Une pluie glacée d’automne, tantôt fine comme un brouillard, tantôt s’étalant en larges gouttes, qui tomba toute la nuit, sans interruption. Au matin, Roger et Ohquouéouée, qui étaient arrivés à la tête du rapide à la nuit tombante et qui avaient dû coucher sans autre abri que les arbres, étaient trempés jusqu’aux os.

C’était un mauvais commencement à leur voyage ; car, en plus de la pluie, la température, jusque là douce et clémente, s’était considérablement refroidie. Mais, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, le matin venu, après une nuit de misères qu’ils avaient