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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/301

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passée à essayer de se garantir contre la pluie qui s’infiltrait partout, le Canadien et l’Indienne se mirent à l’ouvrage pour transporter leur bagage au pied du rapide.

Ce n’était pas une mince besogne que de transporter une quarantaine de sacs d’amandes, à part de tout leur autre bagage et du canot, sur une distance de près d’un mille, à travers des bois enchevêtrés et sur un sol détrempé par une pluie qui ne voulait pas finir. Ce travail, qui se serait fait en deux petites journées si Le Suisse eût été là, Roger et l’Indienne en mirent quatre à l’accomplir ; et encore, il faisait nuit noire quand, le quatrième jour, le canot fut rechargé et prêt pour le départ.

Il leur fallut donc passer encore une nuit en cet endroit. La pluie, qui avait cessé pendant la troisième journée, recommença de plus belle avec cette nuit et dura jusqu’au matin, sans relâche.

Roger entendit tousser Ohquouéouée pendant toute la durée de la nuit. Au matin, quand le jour reparut, il fut douloureusement frappé de l’altération qu’avaient subie les traits de la jeune fille. Ses jeux étaient brillants de fièvre. À tout instant, une toux opiniâtre, dont, à chaque quinte, les échos avaient retenti dans le cœur du jeune homme pendant tout le temps que les ténèbres l’avaient empêché de la voir, venait la courber en deux et lui déchirer la poitrine.

Ils se mirent cependant en route sous la pluie froide qui durait toujours, et ils ramèrent de toutes leurs forces pendant toute la journée.

Roger avait peine à reconnaître le pays qu’ils traversaient. Au lieu des belles teintes douces mais accentuées par un soleil d’été, qui embellissaient le