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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/305

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et même, le plus souvent, aider la jeune fille à franchir la distance qui séparait la tête du pied du rapide.

Au dernier rapide, il fut obligé de la porter dans ses bras, car elle ne pouvait plus marcher.

En la soulevant, il fut tout surpris de la trouver si légère ; il comprit qu’elle avait dû, depuis qu’elle était malade, dépérir de moitié. Quant à Ohquouéouée, elle entoura le cou du jeune homme de ses deux bras et ferma les yeux, paraissant trouver un grand bonheur à être portée par lui.

Chaque soir, Roger était obligé d’atterrir au moins une demi-heure avant la nuit, pour se donner le temps d’ériger un abri et de faire une provision de bois suffisante pour entretenir le feu jusqu’au matin. Avec tous ces retards, joints au temps qu’il lui fallait employer à trouver la nourriture nécessaire, les portages qui leur avaient pris une demi-journée quand il avait remonté la rivière, avec Le Suisse, lequel transportait, à lui seul, des charges suffisantes pour trois hommes ordinaires, lui prenaient maintenant une journée et demie ou deux jours, et les portages qui avaient pris une journée en montant en prenaient maintenant trois ou quatre.

Ces retards firent que les deux voyageurs n’arrivèrent au lac Saint-Pierre que dans la première semaine de décembre : environ quatre semaines après avoir laissé la Massawippi. Pendant le voyage, les deux jeunes gens ne s’étaient presque pas parlés. Roger qui avait tant à faire, tant de fatigues à supporter pour conduire seul le canot quand ils étaient en route, transporter la cargaison aux portages, construire un nouvel abri presque chaque soir et faire une provision de bois suffisante pour entretenir