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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/306

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le feu toute la nuit ; et, en plus de cela, prendre soin de la jeune fille, était dans un état constant de fatigue qui faisait qu’il ne pouvait s’asseoir sans s’endormir aussitôt. Quant à Ohquouéouée, elle était trop malade pour s’intéresser à quoi que ce fût. Leurs conversations s’étaient donc bornées à quelques questions que Roger adressait de temps à autre à l’Indienne pour s’informer de son état, et aux réponses de celle-ci qui remerciait le jeune homme et le priait de ne pas se donner tant de fatigues pour elle.

Le dernier jour qu’ils descendirent le Saint-François, il neigea presque toute la journée. Le temps s’éclaircit cependant vers la fin de l’après-midi ; mais, au coucher du soleil, le froid devint si vif que Roger, craignant que la glace ne se formât sur la rivière avant le matin et ne les empêchât de continuer leur route, n’osa s’arrêter pour la nuit. Il continua donc de ramer de toutes ses forces, jusqu’au matin ; et quand le jour parut, le canot qui portait Ohquouéouée malade et Roger exténué débouchait dans le lac Saint-Pierre.

La clarté était revenue ; mais, avec le jour, le temps s’était de nouveau couvert et il faisait une forte brise du nord-est. Roger n’en continua pas moins de s’avancer sur le lac, ayant hâte d’arriver aux Trois-Rivières pour y faire soigner Ohquouéouée, dont l’état devenait inquiétant. Mais le vent augmentant continuellement de violence, la houle devint trop grosse pour qu’il fût sage de demeurer sur le lac dans un canot d’écorce ; surtout un canot chargé comme l’était le leur et n’ayant qu’un seul aviron pour le guider. Le jeune homme se crut donc obligé d’atterrir dans une petite île, en plein milieu du lac.