Aller au contenu

Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/307

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 307 —

En mettant pied à terre, Roger se mit à chercher un moyen quelconque de construire un abri, afin de protéger Obquouéouée contre le vent, et de faire du feu pour la réchauffer, car le froid était intense.

Mais l’île était nue : pas le moindre bouquet d’arbres ni le plus petit arbrisseau.

Alors, rempli d’anxiété à la pensée d’Ohquouéouée restée étendue au fond du canot, entre les sacs de noix, et que le froid commençait à engourdir, le jeune homme se mit à parcourir la grève en tous sens, dans l’espoir d’y trouver du bois mort que le flot y aurait déposé. Mais le vent soulevait les vagues qui, refoulant le courant, balayaient la grève et ne laissaient rien s’y arrêter.

Désespéré, il dut revenir à l’Indienne, qu’il trouva aux trois quarts engourdie par le froid sous sa couverture de toile, et, pour l’empêcher de geler à mort, il n’eut d’autre ressource que de se coucher à côté d’elle, de la prendre dans ses bras et de tâcher de la réchauffer à son contact.

Ils passèrent une partie de la matinée dans cette position. De temps à autre Roger levait la tête au-dessus du bord du canot, pour voir si la tempête se calmait ; mais la surface du lac offrait toujours l’aspect d’une mer démontée. Ce ne fut que tard dans la matinée que, le vent étant devenu moins violent, Roger jugea qu’il pouvait risquer de se mettre en route. Il repartit donc et, en ramant avec tout ce qui lui restait de vigueur, il atteignit les premières habitations de colons, en amont des Trois-Rivières, à la nuit noire.

À la première porte qu’il frappa, il trouva une brave famille qui consentit de grand cœur à recevoir