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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/309

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avec celle qui lui avait sauvé la vie et que lui, maintenant, il essayait d’arracher à la mort.

Comme on le voit, les idées d’indépendance, malgré toutes les vicissitudes qu’il avait traversées au cours des trois années de vie libre qu’il avait vécues depuis son départ de la maison paternelle, avaient fait du chemin dans le cerveau de notre héros.

Le quatrième jour après leur arrivée aux Trois-Rivières, l’état d’Ohquouéouée s’étant sensiblement amélioré, grâce aux tisanes et aux potions chaudes que les généreux colons chez qui ils s’étaient réfugiés lui avaient prodiguées, les deux jeunes gens se remirent en route.

Quand ils se rembarquèrent, le matin, le temps était beau et doux. Ohquouéouée, sans être tout à fait rétablie, avait retrouvé un peu d’entrain, et elle aurait pris un aviron si Roger l’eût permis. Mais il ne le lui permit pas. Le canot, considérablement allégé depuis que Roger avait disposé d’une partie de sa charge, était beaucoup plus facile à manœuvrer et le jeune homme, se sentant capable de le conduire seul, voulait éviter toute fatigue à sa compagne. Tout promettait que la dernière partie de leur voyage serait beaucoup plus heureuse que la première. En effet, le même soir, ayant été aidés dans leur descente du fleuve par le courant de la mer baissante qu’ils avaient rejoint un peu après midi, ils avaient parcouru un bon tiers de la distance qui sépare les Trois-Rivières de Québec.

Mais, comme ils atterrissaient et s’installaient pour la nuit, le mauvais temps reprit. Toute la nuit, une pluie mêlée de neige et poussée par un vent du nord-est qui soufflait en bourrasques, les inonda. Le