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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/311

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voir et à en prendre soin. Une demi-heure plus tard, Ohquouéouée était confortablement installée dans un lit d’hôpital.

Mais, malgré tous les soins dont elle fut entourée, au lieu de prendre du mieux, sa maladie ne fit que s’aggraver. Le troisième jour de son arrivée à l’Hôtel-Dieu, il devint évident à celles qui la soignaient qu’il leur serait impossible de ramener la jeune Iroquoise à la santé. Bien qu’elle ait été d’une constitution beaucoup plus forte que la moyenne, son corps n’avait pu résister au surmenage auquel elle l’avait soumis depuis un an.

En effet, que l’on songe à l’hiver qu’elle avait passé dans une bourgade ennemie, où les autres femmes étaient loin de lui être sympathiques, et où, étant gardée prisonnière, elle manquait à peu près de tout en ce qui concerne le vêtement et la nourriture, sous un climat infiniment plus rigoureux que celui sous lequel elle était habituée de vivre ; puis, que l’on songe aux misères et aux fatigues qu’il lui avait fallu surmonter au cours de son voyage du confluent de la Mattawin et du Saint-Maurice au lac Saint-Pierre, ainsi que les six ou sept semaines pendant lesquelles elle avait erré aux environs des Trois-Rivières, cherchant un moyen de traverser le Saint-Laurent ; ensuite sa longue et pénible randonnée du lac Saint-Pierre au village de Saratoga dans l’État de New-York, et de là, au confluent de la Massawippi et du Saint-François ; que l’on ajoute à toutes ces fatigues physiques les douloureuses émotions qu’elle avait dû éprouver lors de la mort de son père, et aussi quand elle découvrit l’homme qu’elle aimait par-dessus tout, prisonnier des guerriers de sa tribu ; et, en dernier