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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/314

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Quand, pour la troisième fois, on le laissa pénétrer auprès d’Ohquouéouée, Roger vit que la table placée à la tête du lit de la malade était ornée comme un autel ; un prêtre était venu visiter Ohquouéouée, il l’avait trouvée suffisamment instruite des principaux préceptes de la religion et si remplie de ferveur et de foi, qu’il avait décidé, vu son état critique, de l’admettre sans retard au nombre des communiants.

Le prêtre entra presque en même temps que Roger et la cérémonie, on ne peut plus touchante, commença aussitôt. Ohquouéouée, animée de la plus grande ferveur et de la plus grande piété, fut baptisée et communia.

Aussitôt la cérémonie achevée, Roger se retira ; craignant, en restant plus longtemps, d’être une cause de distractions pour la jeune fille et de la déranger dans ses dévotions. Il descendit à la basse-ville et s’enferma dans sa chambre, où il passa le reste de l’après-midi et une partie de la nuit en prières et en méditations.

Ces méditations remplissaient son cœur d’amertume. Bien que les religieuses ne lui eussent pas dit grand chose de l’état désespéré d’Ohquouéouée, il avait bien vu, par leur manière de la traiter, qu’elles la considéraient comme étant condamnée à mourir. Et il ne pouvait s’empêcher de faire un rapprochement entre la jeune Iroquoise et Le Suisse : les deux seuls êtres auxquels il s’était attaché depuis son départ de Beaupré, et que la mort venait, l’une après l’autre, enlever à son affection.