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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/316

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pières retombèrent, quelques larmes filtrèrent le long de ses longs cils et coulèrent sur ses joues émaciées ; elle poussa un long soupir, suivi d’un léger hoquet ; son corps tressaillit faiblement, puis son masque reprit l’apparence d’une douce tranquillité.

Ohquouéouée, l’Iroquoise, avait rendu son dernier soupir.

À cette vue, Roger ne put maîtriser plus longtemps son émotion. Les sanglots que, au risque d’étouffer, il refoulait depuis son arrivée dans la salle où venait de mourir celle qui était sa protégée, sa fiancée et que, lui, il considérait comme son épouse, éclatèrent malgré lui. Il se laissa tomber à genoux et, enfonçant sa tête et cachant son visage dans les draps de la morte, il pleura longtemps avant que personne osa le déranger.

À la fin, une religieuse s’approcha de lui, le toucha à l’épaule puis, comme il relevait la tête et la regardait d’un air égaré, elle lui montra, à travers les hautes fenêtres garnies de rideaux blancs, le jour qui commençait à baisser.

Roger se releva, attacha un dernier et long regard sur celle qu’il perdait avant de l’avoir possédée, sortit de l’hôpital et s’en retourna tristement à la basse-ville, où il s’enferma encore une fois dans la chambre que le marchand hospitalier avait mise à sa disposition.

XLV

CŒUR BRISÉ

Le lundi suivant, aux premières heures de la matinée, un cercueil formé de planches grossièrement