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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/317

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assemblées, sortait de l’Hôtel-Dieu, porté sur les épaules de quatre Hurons. Une seule personne accompagnait les restes d’Ohquouéouée : un grand jeune homme aux cheveux blonds et bouclés, aux traits fatigués, sa tête nue inclinée sur sa poitrine, marchait derrière le cercueil.

Les Hurons descendirent la pente conduisant au fleuve, puis ils s’engagèrent dans le chemin qui longeait la grève et conduisait au village de Sillery, pittoresquement situé sur une hauteur, près du fleuve, à une couple de lieues en amont de Québec.

Le temps était sombre et pas un souffle de vent n’agitait l’atmosphère. On eût dit que la nature se reposait un moment et prenait une attitude recueillie pour laisser passer la dépouille de la jeune Iroquoise.

Il faisait très froid et le sol, gelé, était dur comme de la pierre. Cependant le cortège s’avançait sans bruit, les quatre porteurs ainsi que celui qui les suivait étant tous chaussés de mocassins.

Les Hurons s’avançaient à petits pas lents et solennels, le long du grand fleuve dont les flots se taisaient, et la matinée était à moitié écoulée quand le cortège funèbre arriva à la pauvre chapelle, perdue parmi les sapins verts. À leur approche, la petite cloche s’était mise à tinter doucement, d’une petite voix grêle et plaintive, qui paraissait craindre de trop ébranler l’atmosphère immobile. Puis l’église s’était remplie d’hommes et de femmes sauvages, qui s’empressaient de venir rendre un dernier hommage à celle qui, ils l’avaient appris, venait d’embrasser la même croyance qu’eux.

Les porteurs pénétrèrent dans l’église, marchant toujours de leur pas grave et solennel, puis ils dépo-