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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/32

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Grand-Esprit ira le chercher pour l’emmener dans les terres de chasse d’où l’on ne revient pas, j’espère qu’il ne se trompera pas et qu’il le conduira avec ses ancêtres !… Il était mon fils ! C’était un des plus beaux et des plus braves guerriers de notre nation !… J’avais encore un autre fils : un jeune guerrier blanc que j’avais adopté et que j’aimais beaucoup. Il est resté, lui aussi, en pays étranger, le long de la Grande Rivière, au cours d’une autre expédition, il y a deux étés. »

Le chef demeura silencieux quelques minutes puis reprit :

« Celui qui gît là est mon dernier fils ! Il n’a maintenant plus de force ; s’il mourait, je resterais seul de ma famille !… Mais il ne mourra pas : l’Homme-qui-parle-aux-Esprits me dit qu’il va guérir… Quand il sera capable de reprendre sa place parmi les guerriers de la tribu, il sera ton maître. En attendant, les femmes prendront soin de toi. Va ! »

Pendant qu’Ohquouéouée répétait les paroles du chef Algonquin, celui qui l’écoutait avait donné les signes d’une vive émotion, mais il n’avait rien dit. Alors elle continua :

Je commençais à comprendre un peu la langue des Algonquins. Je me retirai. À la porte, une vieille femme me fit signe de la suivre et me conduisit à une cabane située à une courte distance de celle du chef, en m’annonçant que, dorénavant, là serait ma demeure. Puis après m’avoir avertie que je ne devais pas m’éloigner du village plus loin que la vue pouvait porter, elle se retira.