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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/321

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Vers la fin de ce même jour, deux pêcheurs descendaient la côte qui conduisait à la Pointe-à-Garcy tout à fait à l’extrémité de la langue de terre qui s’étend au pied du cap Diamant, et sur laquelle est maintenant bâtie la basse-ville de Québec.

Ils s’en venaient tirer leurs embarcations hors de l’eau et les hisser aussi haut que possible sur la grève, afin de les mettre hors d’atteinte de la vague qui commençait à se faire grosse.

Depuis le matin, la neige avait cessé et le temps s’était éclairci. Le soleil avait même paru quelques instants, au cours de l’après-midi, mais il était maintenant couché.

Comme les deux pêcheurs se redressaient, leur travail achevé, ils virent un homme qui descendait rapidement la pente conduisant au fleuve. Cet homme était chargé d’un canot d’écorce, qu’il portait renversé sur ses épaules, et un long aviron qu’il tenait à la main, indiquait son intention de s’aventurer sur le fleuve dans la frêle embarcation qu’il portait, et cela malgré la tempête qui commençait.

À cette vue, les deux pêcheurs promenèrent des regards étonnés, qui embrassèrent le ciel et l’eau ; puis, leurs yeux se rencontrant, ils haussèrent simultanément les épaules sans rien dire. Mais leurs regards intrigués se tournèrent de nouveau vers l’homme qui portait le canot, et ils le virent, rendu au bord de l’eau, y lancer son embarcation, s’accroupir au milieu et, s’armant de son long aviron, se mettre à ramer avec vigueur, en tenant la proue de son canot