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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/37

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tu aurais été bien accueillie et on se serait occupé de toi.

L’Indienne le regarda d’un air de doute, qui en disait long du peu de confiance que les sauvages de ce temps-là mettaient dans les Blancs, et continua :

— Je n’osai m’approcher. Je fis un grand détour et atteignis la Grande-Rivière, que je suivis, en la descendant, pendant plusieurs jours, sans trouver moyen de la franchir. Je revins sur mes pas, refis un autre grand détour pour éviter le village des Blancs, puis je continuai de suivre la Grande-Rivière, en la remontant cette fois, pendant plusieurs jours.

J’arrivai enfin à un endroit où la rivière était remplie d’îles ; ce que voyant, je crus que je pourrais gagner l’autre rive en nageant d’une île à l’autre. Mais, arrivée à la dernière, l’espace qu’il me restait à franchir était encore trop large pour que j’entreprisse de le traverser à la nage, et je dus revenir à mon point de départ.

Je continuai d’errer, de côté et d’autre, pendant encore un grand nombre de jours. J’étais à la veille de me décourager et de retourner chez les Algonquins quand, arrivant au bord de cette rivière, j’aperçus ton canot et essayai de m’en emparer.

— Mais j’avais l’œil ouvert et je t’avais vue approcher ! dit le jeune homme. Mais pourquoi, au lieu d’essayer de t’emparer d’un canot qui ne t’appartenait pas, n’attendais-tu pas le propriétaire et ne lui demandais-tu pas de te conduire où tu voulais aller ?

Ohquouéouée, son récit fini, avait laissé retomber sa tête sur sa poitrine. Elle demeura dans cette posi-