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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/41

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plein été. Mais quiconque a habité la campagne sait combien il est difficile de recueillir des noisettes en quantité un peu considérable. Cette difficulté provient du fait que, dès qu’elles sont mûres, les écureuils et les suisses les cueillent dans l’espace de deux ou trois jours, souvent même dans une seule journée. Et il arrive souvent que, après avoir surveillé un buisson de coudriers — c’est ainsi qu’on nomme l’arbrisseau qui porte les noisettes — pendant des semaines, afin de cueillir les noisettes dès qu’elles seront mûres, si l’on manque à cette surveillance une seule journée, l’on trouve, à son retour, les coudriers aux trois quarts dépouillés. Il ne leur reste, le plus souvent, que les noisettes à l’intérieur desquelles des vers ont élu domicile.

Dans une seule journée, et cela au moment précis où les noisettes étaient juste assez mûres pour être bonnes à cueillir, les écureuils et les suisses en ont fait la récolte, à l’exception de celles auxquelles les vers s’étaient attaqués. Quant à ces dernières, il n’y ont même pas touché.

Il est donc évident que si Le Suisse s’était borné à cueillir les noisettes sur les coudriers, ou noisetiers, il lui aurait fallu se contenter de ce qu’il aurait pu recueillir dans une seule journée, deux jours au plus. Mais notre homme avait adopté un autre système. Il laissait les suisses et les écureuils faire la récolte et amasser les noisettes dans les réduits qui leur servaient de refuges, en même temps que de magasins — lesquels étaient le plus souvent situés dans un arbre creux — puis il se mettait à la recherche de ces cachettes, qu’il pillait sans merci dès qu’il les avait trouvées.