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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/42

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À première vue, découvrir les cachettes de ces petits rongeurs ne semble pas chose facile ; mais, dans ce but, Le Suisse avait un système à lui, dont il gardait soigneusement le secret. Il était, en effet, le seul homme de la colonie qui put, après une absence d’environ trois mois à la fin de l’été, revenir avec un canot portant de mille à quinze cents livres de faînes et de noisettes.

Nous allons, pour le bénéfice du lecteur, dévoiler le secret de notre personnage.

Le Suisse avait d’abord la précaution, afin de pouvoir étudier le terrain d’avance et marquer les buissons de coudriers qu’il lui faudrait surveiller, d’atteindre le territoire qu’il voulait exploiter quelques jours avant que les noisettes ne soient tout à fait mûres. Puis, aussitôt que les écureuils et les suisses commençaient leur récolte, il se mettait à les épier et à les suivre, un par un, jusqu’à ce qu’il eut découvert la retraite de chacun d’eux. Il mettait, à ce manège, le plus grand soin et la plus grande adresse à ne pas se laisser voir, afin de ne pas effrayer les petites bêtes.

Quand il avait découvert la retraite de l’une d’elles, il en marquait l’endroit, soit en brisant une branche auprès, soit en faisant une entaille au tronc de l’arbre, si la cachette était à l’intérieur d’un arbre, puis il recommençait avec une autre ; et il continuait ainsi toute la journée et les jours suivants, tant que les suisses et les écureuils n’avaient pas complètement dépouillé les coudriers de leurs noix.

Au moyen de ce système, il arrivait à notre homme de découvrir, dans l’espace d’une quinzaine de jours, de quarante à cinquante réserves d’amandes