Aller au contenu

Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/43

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 43 —

de noisettes ; car les pauvres petites bêtes qui se faisaient ainsi dépouiller de leur bien, n’amassent que les amandes. Et quand on saura que chacune de ces réserves contenait d’un demi à un minot d’amandes, quelques fois plus — l’auteur de ces lignes en a lui-même trouvé de deux minots — on aura une idée de la quantité d’amandes que Le Suisse récoltait dans deux ou trois semaines.

Pour les faînes, l’opération était beaucoup plus simple.

Ces dernières ne sont vraiment mûres et bonnes à cueillir qu’après les premières gelées d’automne ; alors qu’elles se détachent de leur gaine et tombent de l’arbre au moindre choc. Le Suisse n’avait donc, le temps arrivé, qu’à frapper le pied des hêtres, les arbres qui produisent les faînes, avec une pièce de bois assez lourde pour les ébranler, pour n’avoir qu’à ramasser les faînes sur le sol, dont il avait eu la précaution, en premier lieu, de ratisser et de fouler la surface, afin de la rendre plus unie et plus dure.

Mais entre le mois d’août, qui est le mois des noisettes, et le mois d’octobre, qui est le mois des faînes, que faisait notre homme dans la forêt ? Car il y avait là presque deux mois qu’il n’eut pas été sage de gaspiller dans l’oisiveté.

Le Suisse avait son ouvrage tout taillé pour ces deux mois.

Les forêts de cette époque, comme les forêts d’aujourd’hui dans les mêmes régions d’ailleurs, abritaient de nombreux essaims d’abeilles sauvages. Ces abeilles ne manquaient pas, comme celles que les apiculteurs de nos jours gardent avec tant de soins, d’amasser de grandes quantités de miel ; miel qu’elles