Aller au contenu

Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/44

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 44 —

entassaient, soit dans des arbres creux, soit dans des trous dans la terre, soit dans des fentes de rochers, mais toujours dans des endroits où elles pourraient par la suite passer l’hiver à l’abri des intempéries, tout en se nourrissant à même leurs provisions.

Mais, se demande sans doute le lecteur, ce miel que les abeilles amassent, n’est autre chose que les sucs qu’elles extraient des fleurs ? Comment pouvaient-elles, dans une forêt vierge, trouver des fleurs en quantité suffisante pour se nourrir et leur permettre, par surcroît, d’amasser du miel ?

L’endroit où se rendait habituellement le Suisse était cette partie de la province qui est arrosée par les sources du Saint-François. Il s’installait, de préférence, sur le bord d’une des nombreuses rivières, petites et moyennes, dont le Saint-François reçoit les eaux aux environs de Sherbrooke ; telles que la Magog, la Massawippi, la Coaticook, la Rivière-au-Saumon et d’autres plus petites.

Dans cette région, même de nos jours, partout où un arbre renversé, ou toute autre cause, laisse pénétrer le soleil sous les arbres ; sur le bord des lacs et des rivières ; partout enfin où le soleil peut réchauffer et vivifier le sol, l’herbe pousse parsemée de trèfle blanc. Ce trèfle est indigène au pays ; c’est-à-dire, qu’à l’encontre du trèfle rouge qu’il faut semer pour qu’il en pousse, le trèfle blanc, lui, pousse spontanément partout où il y a de la terre, de l’humidité et du soleil.

De plus, les innombrables ruisseaux qui sillonnent cette contrée en tous sens, et qui lui donneraient, si on pouvait la contempler d’une grande hauteur, l’apparence d’une fine pièce de guipure, étaient sou-