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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/46

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tobre ou au commencement de novembre, selon la saison, le chemin des parties habitées de la colonie, pilotant un canot chargé, autant qu’il en pouvait porter, de peaux d’ours, de miel, de faînes et de noisettes.

Le fruit de ces trois mois de travail une fois vendu aux marchands de Montréal, de Québec et des Trois-Rivières, notre homme était en position de passer grassement l’hiver à se reposer, se contentant d’ajouter à son avoir en faisant des commissions ou en portant des messages d’un endroit à l’autre dans la colonie, pour le compte de ceux qui voulaient l’employer, en attendant la saison suivante, alors qu’il repartait pour une nouvelle expédition.

Mais revenons à nos trois personnages, que nous avons laissés sur le bord de la Rivière-du-Loup-en-Haut.

Après sa rude interpellation, Le Suisse sauta sur le sable de la grève, et s’adressant toujours à Roger, il ajouta d’un ton gouailleur :

— Je ne croyais pas, en te laissant ici à la garde du canot, pendant que j’allais à la recherche de la Fontaine de Jouvence, que je te retrouverais en si intéressante compagnie !… Puis lançant à l’Indienne un regard mi-narquois, mi-admirateur, il reprit : Pour une sauvagesse, elle n’est vraiment pas trop mal la petite !… Et, se retournant vers Roger, il termina d’un ton ironique : Mes compliments !

Le jeune homme, objet de ces sarcasmes, eut un mouvement d’impatience, presque de colère. Mais, se contenant, il dit, d’une voix assez calme et en feignant d’ignorer les railleries du nouvel arrivant :