Aller au contenu

Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/49

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 49 —

de retourner à Montréal et de se trouver un autre compagnon.

Ce fut du ton le plus conciliant qu’il put assumer, qu’il reprit :

— Voyons ! Voyons ! Roger !… Tu n’as pas besoin de te mettre en si grande colère ! Si j’avais su que… Comment l’appelles-tu ?

— Ohquouéouée.

— Ohquouéouée ?… Qu’est-ce que ce mot-là peut bien vouloir dire en langage de chrétien ?

— C’est un mot de la langue que parle la nation onnontaguée, une des cinq nations iroquoises, et qui, en français, veut dire : Belle-Perdrix.

— Eh bien ! si j’avais su que mademoiselle La Perdrix était tant que cela de tes amies, je n’aurais pas fait la moindre difficulté pour lui faire traverser le lac Saint-Pierre dans notre canot ; et même, si cela te fait plaisir, pour l’emmener avec nous à la chasse aux noix !

Le Suisse, quand il parlait de son métier, disait toujours : Faire la « chasse » aux noix.

— C’est bien ! fit Roger. Je ne demande pas mieux que de rester amis. Puis, changeant le sujet de conversation, il demanda : Vous ne m’avez pas encore dit si vous aviez eu de la difficulté à trouver la « Fontaine de Jouvence, », comme vous venez de l’appeler il y a un instant ?… Les indications du vieux sauvage étaient-elles exactes ?

— Les indications du vieux chef algonquin étaient aussi exactes que j’aurais pu le désirer. Un jour que nous passions en canot devant l’embouchure de cette rivière, il m’avait dit : « Si tu remontes le cours de cette rivière jusqu’aux premières eaux