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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/57

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son sort. Mais, arrivé au pays depuis une couple d’années, il n’avait encore fait qu’y végéter : travaillant ici et là, pour les colons arrivés, pour la plupart, peu de temps avant lui et aussi pauvres qu’il l’était lui-même.

L’année précédant celle où nous le rencontrons, il avait fait la connaissance d’une jeune orpheline, dont il avait pu apprécier les solides qualités, et pour laquelle il s’était épris d’une tendre amitié. Se sachant payé de retour, il aurait bien voulu l’épouser ; mais, comme il n’avait pas le sou et qu’elle était aussi peu fortunée que son amoureux — ils étaient, selon la pittoresque expression de nos gens : « Raides pauvres » tous les deux, — il lui fallait, avant de songer à se mettre en ménage, trouver d’abord les moyens de s’établir et se mettre en état de subvenir aux besoins d’une famille.

Vers le même temps, vivait aussi à Québec un certain monsieur Castillon, représentant de la société qui avait obtenu la concession de la seigneurie de Beaupré. Cette seigneurie s’étendait depuis la seigneurie de Beauport jusqu’à la rivière du Gouffre ; c’est-à-dire depuis la rivière Montmorency jusqu’à la baie Saint-Paul.

Ce monsieur Castillon s’occupait de placer, sur les terres de la société qu’il représentait, les colons qu’on lui envoyait de France. Ayant fait la connaissance du jeune Chabroud, et ayant été à même d’apprécier sa probité, sa piété et son courage, qualités précieuses aux habitants de la Nouvelle-France, il décida de lui fournir les moyens de s’établir sur les terres de la seigneurie de Beaupré.