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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/62

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personne une demi-heure par mois — avait pris l’habitude de ne compter sur Roger pour aucun des travaux de la ferme. Bien plus, on le considérait comme un savant, et on eût cru au-dessous de lui de se charger d’un travail manuel.

À quatorze ans, il ne faisait encore que chasser, pêcher et se promener dans les bois et sur l’eau.

Cependant il arrivait à l’âge où l’on commence à rêver !

Il venait assez souvent des gens de Québec passer quelques jours à Beaupré. Il arrivait, la plupart du temps, que ces visiteurs se retiraient chez Étienne Chabroud.

À part de hauts personnages comme le secrétaire du gouverneur, les Messieurs du séminaire ou l’intendant de la société propriétaire de la seigneurie de Beaupré, il y venait souvent des officiers des régiments stationnés à Québec.

On venait à Beaupré surtout pour y faire la chasse et la pêche ; les anguilles de l’île d’Orléans étaient, alors comme aujourd’hui, justement renommées.

Dans ces excursions de chasse et de pêche, il ne pouvait y avoir de meilleur guide que Roger. Aussi le demandait-on constamment.

Les visiteurs qu’il était ainsi appelé à conduire étaient, pour la plupart, natifs de France et n’habitaient le pays que depuis peu de temps. Leur conversation ouvrait, devant l’imagination du jeune sauvage qu’était Roger Chabroud, des horizons tout à fait nouveaux pour lui.

Et ce n’était pas tout.