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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/64

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Canadien, à demi sauvage et confondant dans son esprit sans culture, l’état de chevalier, en Europe, à celui de coureur de bois au Canada, ce qui n’était pas, après tout, une si grande erreur, se crut né pour être chevalier, et il se mit à songer aux moyens de le devenir.

Deux autres années se passèrent de la sorte. Notre héros canotait, chassait, pêchait, se promenait et rêvait. Rêvait, surtout !…

Un jour, l’occasion que, inconsciemment, il attendait, se présenta.

IX

UNE RENCONTRE

Un matin de la fin d’octobre, Roger, qui venait alors d’avoir seize ans, prit son fusil et s’enfonça dans le bois. Il partait sous prétexte, comme d’habitude, de faire un tour de chasse. Il marcha pendant plusieurs heures, à l’aventure, sans s’occuper de la direction qu’il suivait, absorbé qu’il était dans une profonde rêverie : il avait entendu parler d’une expédition qui s’organisait à Québec contre les Iroquois, et il rêvait de voyages et de combats où il jouerait un des premiers rôles.

Machinalement, ses pas le portèrent à une assez grande distance de la maison de son père, au sommet d’une sorte de promontoire s’élevant au-dessus du fleuve. Il se rendait assez souvent à cet endroit, car on pouvait y contempler un panorama magnifique.