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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/66

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d’une vingtaine, et chacun était monté par trois ou quatre sauvages.

Une fois engagés dans la baie, les canots longèrent la rive, passèrent devant l’embouchure de la rivière et vinrent atterrir au pied du promontoire où se trouvait le jeune homme.

Celui-ci avait souvent vu des sauvages, car il en passait souvent à Beaupré, qui se rendaient à Québec ou en revenaient. Il ne douta pas un seul instant que ce ne fût un parti d’Algonquins revenant d’une expédition dans le bas du fleuve et s’en retournant dans leur village, aux environs de Québec.

Voyant les sauvages prendre terre, Roger décida d’aller leur parler. Comme il savait quelques mots d’algonquin et que, la plupart du temps, les sauvages qu’il voyait dans ces parages savaient passablement de français, il n’éprouvait aucune crainte de ne pas se faire comprendre d’eux.

Se levant de son siège de mousse, il ramassa son fusil et, la falaise étant trop à pic pour qu’il put descendre directement vers les sauvages, il fit un détour dans le bois en remontant, puis rejoignit la rivière qu’il suivit jusqu’à son embouchure. Une quinzaine de minutes après qu’il eut quitté son poste élevé, Roger débouchait sur la plage, à quelques centaines de verges des sauvages et s’avançait dans leur direction.

Il eut été impossible de dire si, oui ou non, ceux-ci l’avaient remarqué. Depuis que Roger les avait perdus de vue en contournant la falaise, les sauvages, après avoir tiré leurs canots sur le sable de la grève, s’étaient mis, les uns à quérir des branches sèches à la lisière du bois, pendant que d’autres