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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/69

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gibier en train de cuire et qui tombait sur le feu, se mêlant au léger bruit que faisait le flot en venant mourir sur la grève. Un peu plus tard, un sauvage apporta une outarde, dorée et ruisselante de graisse, qu’il déposa devant le chef. Celui-ci, de deux coups de tomahawks, ou hache de guerre, la fendit en quatre et en donna un quartier à Roger, qui l’accepta sans se faire prier.

Il était midi. La longue marche que le jeune homme avait faite, jointe à un avant-midi passé dans le bois, lui avaient ouvert l’appétit.

Les autres sauvages s’étaient séparé le reste des outardes et, pendant la trentaine de minutes qui suivirent, un autre bruit vint se mêler au clapotement des vagues : ce fut celui que faisaient une soixantaine de paires de mâchoires travaillant avec plus d’entrain que de décorum.

Quand, de la vingtaine d’outardes, il ne resta plus que les os et que tout le monde eut fini de manger, le chef, se tournant vers Roger, demanda de sa voix grave et solennelle :

— Le jeune guerrier blanc a bien mangé ?

— J’ai bien mangé, en effet ! répondit celui-ci. Ces outardes étaient excellentes !

Le chef, après sa question, avait reporté son regard vers le feu, qu’il continua de considérer pendant plusieurs minutes après que le jeune homme eut répondu. Puis, se tournant de nouveau vers son hôte, il reprit :

— J’ai satisfait l’appétit du jeune guerrier blanc ! J’ai satisfait sa curiosité ! Le jeune guerrier blanc voudra-t-il satisfaire la mienne ?