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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/70

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— Avec plaisir !… Le chef veut-il me dire ce qu’il désire savoir ?

Roger, sans s’en apercevoir, adoptait la manière de s’exprimer de l’Indien.

Le chef, qui s’était remis à considérer le feu, resta silencieux pendant un temps assez long. À la fin, il demanda, sans regarder le jeune homme :

— Pourquoi le jeune guerrier blanc est-il seul, si loin des siens ?

— Je ne suis pas très loin des miens ! Une couple d’heures de marche me ramèneraient à la maison de mon père. Parti, ce matin, pour faire un tour de chasse, je me suis rendu sur le promontoire que tu vois de ce côté. J’étais là en train de me reposer, quand je vous ai vus atterrir ici, et je n’ai pu résister au désir de venir faire votre connaissance.

Le chef eut un grognement d’approbation, l’explication que venait de lui donner le jeune homme lui paraissant très plausible. De plus, le fait, pour Roger, d’être en tournée de chasse au lieu d’être occupé aux travaux de la terre comme tous les Blancs que les sauvages voyaient dans ces parages, le rehaussait aux yeux de l’Indien qui, comme tous ceux de sa race, dédaignait tout travail manuel.

De son carquois, qu’il avait déposé près de lui en s’asseyant, le chef tira une longue pipe au fourneau de pierre noirci par l’usage et, la bourrant d’une poudre faite de tabac mêlé à l’écorce de certains arbres, il l’alluma et en tira quelques bouffées.

Après quoi, il la tendit à Roger en disant :

— Nous devons être amis ! Que le jeune guerrier blanc goûte au calumet de l’amitié, et je l’appellerai : Mon fils.