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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/72

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une plume de héron, tête qu’il tenait d’ordinaire haute et droite, lui donnaient un air de majesté qui seyait bien à un chef de tribu. Car, outre qu’il était le chef de la bande qui l’accompagnait en ce moment, dans son village il était le chef de la tribu.

Il s’appelait : Acaki, c’est-à-dire : Le Héron.

Pour tout vêtement, il n’avait qu’une brague ou culotte, qui lui allait de la ceinture au milieu des cuisses, et une paire de mocassins aux pieds. On ne voyait aucune trace de peinture sur son corps ou sur son visage, et il ne portait d’autre ornement que la plume de héron piquée dans la touffe de cheveux qui surmontait sa tête altière. La figure d’un castor tatouée sur sa poitrine, indiquait qu’il était de la tribu du Castor.

Ce sauvage avait beaucoup fréquenté les Blancs. Il avait même, dans sa jeunesse, comme il l’avait dit à Roger, passé tout un hiver à Québec.

Son contact avec les Français lui avait permis d’apprendre leur langue suffisamment pour être capable de s’en servir avec facilité. Mais, contrairement à d’autres sauvages placés dans les mêmes conditions, il n’avait adopté aucun des vices de ses hôtes. Et ce, non pas par amour de la vertu, non plus que par horreur du mal, mais simplement parce qu’il se croyait trop supérieur aux Français pour adopter aucune de leurs manières ; la haute opinion qu’Acaki avait de sa race en général, plus particulièrement de sa tribu, mais surtout de lui-même, l’avait toujours empêché de se fier aux Blancs.

Pendant son séjour à Québec, il avait appris le maniement des armes à feu ; mais, quoiqu’il eût ardem-