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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/75

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blée délibérante — se faisait passer pour une majorité, imposa aux délégués réunis une paix toute à l’avantage des Français, et dont une des clauses interdisait aux différentes tribus sauvages de se faire la guerre entre elles.

Puis, après force festoyage et félicitations réciproques, les délégués se séparèrent et reprirent le chemin de leurs villages, contents ou faisant semblant de l’être.

De tous les délégués sauvages qui avaient pris part au conseil, un seul avait percé à jour la politique des Français. C’était Acaki. Il s’en retourna chez les siens, bien décidé à ne tenir aucun compte des conditions imposées aux sauvages par les Français, et à reprendre le sentier de la guerre quand bon lui semblerait.

Une fois de plus, le mensonge, la duplicité et la fourberie, sous leur faux nom de diplomatie, allaient empêcher la paix de s’étendre sur la terre.

Acaki passa tranquillement l’hiver dans son village, pendant que le gouverneur et ses conseillers se réjouissaient de l’apparent succès de leur politique. Mais, aussitôt l’été venu, le chef algonquin prenait ses meilleurs guerriers et partait faire la guerre aux Maléchites, peuplades qui habitaient alors les bords de la rivière Saint-Jean, vers l’endroit où elle sépare les provinces du Québec et du Nouveau-Brunswick de l’État du Maine, et contre lesquelles il avait, ou croyait avoir des griefs.

La bande revenait de cette expédition, le nombre de ses guerriers quelque peu diminué, mais chacun de ses canots orné à l’avant d’une courte perche à laquelle pendait plusieurs chevelures enlevées à