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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/76

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leurs ennemis, et s’en retournait dans son pays situé dans les montagnes, en arrière des Trois-Rivières et le long du Saint-Maurice, quand, du haut de son promontoire, Roger avait aperçu la flottille, juste au moment où elle doublait la pointe fermant la baie.

Acaki et sa bande auraient pu, en prenant terre à l’endroit où ils se trouvaient en ce moment, regagner leur village à pied en escaladant la chaîne de montagnes qui les en séparait ; mais il leur fallait pour faire le trajet en canot, moyen de communication beaucoup plus rapide et, surtout, beaucoup plus confortable, passer devant Québec et tout près des Trois-Rivières.

Le chef avait donc pensé, et peut-être pas sans raison, qu’il aurait beaucoup plus de chances de dépasser ces deux villes en sécurité, s’il était accompagné, volontairement ou non, du jeune Canadien qui, à l’occasion, pourrait lui servir, soit comme messager de conciliation, soit comme garantie de sa personne, si, par malheur, il tombait aux mains des Français. Et cela au cas la nouvelle de son incursion au pays des Maléchites serait rendue à Québec et où l’on guetterait son passage.

Acaki avait donc décidé de ne pas laisser repartir le jeune Canadien, et de l’emmener avec lui ; avec son consentement si cela était possible, mais contre son gré s’il le fallait. Et c’est pour cette raison qu’il l’avait questionné sur sa présence en cet endroit, afin de s’assurer qu’il n’était pas là exprès pour les espionner et porter la nouvelle de leur passage à Québec.