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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/77

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XI

LE DÉPART

Acaki avait repris sa pipe des mains de Roger et fumait en silence depuis une dizaine de minutes.

Le jeune homme n’était pas à son aise. Il était venu rencontrer ces sauvages dans le but de causer avec eux, d’apprendre d’où ils venaient, où ils allaient, de se faire raconter quelques incidents de leurs voyages à travers le pays, et ces longs silences lui pesaient. Il ouvrait la bouche pour poser quelque nouvelle question au chef, quand celui-ci, désignant de la main le fusil qui gisait toujours entre lui et son visiteur, remarqua :

— Mon fils, le jeune guerrier blanc, a là un bien beau fusil !

— C’est un beau fusil, en effet, répondit Roger. C’est un cadeau que mon père m’a fait l’an dernier.

Le chef avait parlé sans lever la tête, sans changer la direction de son regard, toujours fixé sur le brasier. Tout à coup, il regarda fixement le jeune homme une seconde puis, subitement, il releva la tête et, du doigt, lui indiqua le firmament.

Le regard de Roger suivit la direction que lui donnait le geste de l’Indien et il aperçut, un peu sur sa gauche et débouchant au-dessus du promontoire qu’il avait quitté pour venir rencontrer les sauvages, une bande d’outardes, au nombre d’une cinquantaine, qui se dirigeaient vers le sud à l’approche de l’hiver. Elles étaient échelonnées sur deux lignes, formant deux côtés d’un triangle régulier, marchant l’apex en avant.