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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/79

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— Mon fils est très adroit avec un fusil ! Saurait-il aussi bien manier les armes de ses frères de la forêt : l’arc et la flèche ?

Acaki n’appelait plus Roger que : mon fils, tout court, et appelait les autres sauvages : ses frères. Roger ne prit pas garde à ce détail et répondit :

— Quand j’étais trop jeune pour me servir d’un fusil, je m’amusais avec un arc et des flèches.

Sans ajouter une parole, le chef se leva et, ramassant une pierre aiguë parmi celles de la rive, il s’approcha d’un arbre à la lisière du bois. Frappant l’écorce de l’arbre avec la pierre, il y fit une entaille de la grandeur de l’ongle. Ensuite, se reculant d’une trentaine de pas, il prit son arc, choisit avec soin une flèche parmi celles de son carquois, et la lança. La flèche alla s’enfoncer dans l’arbre, juste à l’endroit où l’Indien avait fait une marque avec la pierre.

Alors, se retournant vers Roger, Acaki lui tendit l’arc.

Celui-ci le prit, alla à l’arbre, en arracha la flèche et revint se placer à l’endroit d’où le chef l’avait lancée. Une fois en place, il ajusta la flèche sur la corde puis, tendant l’arc de toute la longueur de son bras, il visa avec soin et lâcha le coup. La flèche partit comme un éclair et alla s’enfoncer dans l’arbre avec un bruit sec et sans la moindre vibration, indiquant par là avec quelle précision elle avait été lancée.

Le chef courut aussitôt à l’arbre. Mais, une fois là, il ne put s’empêcher d’y appeler les autres sauvages, tant était grande son admiration. La pointe de la flèche avait traversé l’écorce et était profondément enfoncée dans l’arbre, mais si exactement au