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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/80

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même endroit que lorsque le chef l’avait lancée, que l’arbre ne portait la trace que d’une seule blessure.

À partir de ce moment, tous les sauvages eurent pour notre héros la plus grande admiration et le plus profond respect. Aucun ne l’approchait sans les plus grandes marques de déférence et, aussi, d’un peu de crainte. Cette crainte se manifestait surtout quand le regard du jeune homme s’arrêtait sur l’un d’eux. Aussitôt celui-ci s’inclinait et, si Roger continuait de le regarder, il se retournait et s’allait cacher derrière ses camarades.

Quant au chef, son désir de garder le jeune Canadien n’avait fait que s’accroître, à mesure qu’il découvrait chez lui ces qualités si prisées de sa race. Mais il désirait surtout, maintenant, l’emmener comme ami plutôt que comme prisonnier.

Ce fut donc de l’air le plus cordial et le plus engageant qu’il put assumer, qu’Acaki revint vers Roger, en disant :

— Mon fils blanc est certainement le meilleur tireur que j’aie encore rencontré !

Ce compliment, venant d’un chef d’une race réputée pour son adresse à tous les exercices du corps, fit un immense plaisir à Roger, qui n’avait pas manqué de remarquer la considération et le respect que les sauvages lui témoignaient depuis son exploit. L’orgueil dilatait son cœur. Sa taille se redressait, et il était juste dans un état d’esprit propre à lui faire prendre une décision sans avoir réfléchi.

Aussi ne fut-il pas du tout surpris quand le chef ajouta :

— Mon fils blanc est digne d’appartenir à la tribu du Castor, de la grande nation algonquine !…