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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/82

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qu’il entendit le chef lui renouveler, d’une manière plus précise et plus pressante, son invitation de l’accompagner dans son pays. Acaki disait :

— Si tu veux venir avec nous, tu seras mon fils aîné… Tu habiteras dans ma cabane… Tu commanderas à la tribu avec moi, et je ne ferai rien sans te consulter.

À ces paroles, qui répondaient si bien à ses désirs, Roger releva la tête. Il parcourut des yeux l’immensité du fleuve, la falaise et les bois derrière lui. Puis, faisant le tour des cinquante ou soixante guerriers, les uns assis, mais la plupart debout et le regardant attentivement, son regard vint se fixer sur celui du chef devant lui, et il dit :

— Je veux bien partir avec vous et vous accompagner partout où vous irez, mais à une condition : c’est que je serai libre de revenir quand je voudrai, et que, quand je déciderai de vous quitter et de revenir chez mon père, vous me fournirez un canot et tout ce qu’il me faudra pour atteindre les villages des Blancs.

Viens avec nous, promit Acaki, et tu seras libre de t’en revenir quand tu voudras. Puis se retournant vers les siens, il dit en algonquin, car, pendant sa conversation avec Roger, ils avaient tout le temps parlé en français :

— Le jeune guerrier blanc accepte d’être mon fils ! Il va nous accompagner dans notre pays ! Que chacun obéisse à ses ordres comme aux miens !… Qu’on prépare les canots pour le départ.

À ces mots, tous s’élancèrent vers les canots, qu’il fallut porter sur une assez grande distance pour