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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/89

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le fleuve, ils avaient dépassé l’endroit où est aujourd’hui Portneuf. Ils tirèrent alors les canots sur la grève, à l’embouchure d’une petite rivière, et ils campèrent pour le reste de la nuit.

Aussitôt le jour venu, les uns partirent pour la chasse, d’autres se mirent à pêcher dans la rivière pendant que quelques-uns ramassaient du bois sec et allumaient de grands feux. La matinée n’était pas bien avancée que tout le monde se mettait à dévorer un plantureux repas, consistant en truites, perdrix, lièvres, et un chevreuil qu’un des chasseurs avait rapporté ; le tout rôti, puis bouilli, suivant la coutume sauvage.

Quand chacun eut bien mangé, l’on se remit en route et l’on vogua jusqu’au soir. Le lendemain, à la pointe du jour, les sauvages reprenaient l’aviron et, le soir, ils campaient à un peu plus d’une lieue des Trois-Rivières.

Ils dépassèrent cette dernière place comme ils avaient dépassé Québec ; mais sans avoir à s’occuper du flux, car, aux Trois-Rivières, la marée ne se fait pas assez sentir pour changer la direction du courant.

Quand la nuit fut revenue, après qu’ils se furent reposés toute la nuit et le jour suivant leur arrivée, ils se remirent en route. Vers les dix heures, la flottille s’engageait dans la rivière Saint-Maurice et, nageant toujours sans bruit et laissant les habitations derrière eux, quand le jour reparut, ils étaient assez loin des Trois-Rivières pour pouvoir passer la journée et la nuit suivante à l’endroit où ils se trouvaient, sans crainte d’être dérangés.