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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/90

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Le reste du voyage se fit en jouant. Les sauvages ne chassaient et ne pêchaient que juste assez pour se nourrir.

Roger était enchanté de ses nouveaux compagnons. Pendant tout le cours du voyage, ils lui avaient épargné toute espèce de fatigue. En marche, ils lui abandonnaient toujours le milieu du canot, et il ne maniait l’aviron qu’en autant que cela lui plaisait. Aux campements, il n’avait qu’à manger et à se reposer, car on n’exigeait aucun travail de lui, que ce fût pour préparer le feu ou les aliments.

Aussitôt à terre, s’il n’était pas trop fatigué, Roger prenait un arc et un carquois rempli de flèches, qu’un sauvage rapportant les armes d’un camarade tué au cours de l’expédition lui avait prêtés, et il allait faire un tour dans la forêt. Malgré que dans ces tournées de chasse il ne fut jamais longtemps absent, il ne revenait jamais sans quelque gibier, ce qui affermissait sa popularité et son prestige parmi les sauvages.

Cependant, notre jeune aventurier désirait ardemment rencontrer quelque gros gibier, afin d’émerveiller encore une fois les Algonquins par son adresse au fusil. L’occasion n’allait pas tarder à se présenter.

Un matin — ils avaient alors dépassé les Trois-Rivières depuis deux jours — à l’aube, le chef vint éveiller Roger, qui était loin d’être un des plus matineux de la bande, et lui fit signe de le suivre. Le jeune homme se leva en se frottant les yeux et, prenant son fusil, il suivit son guide jusqu’à une petite éminence surplombant la rivière, à une centaine de verges de l’endroit où ils avaient passé la nuit.