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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/91

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Un peu avant d’atteindre le sommet de cette éminence, Acaki se mit à marcher sur les mains et les genoux, en faisant signe à Roger d’en faire autant. Ils parcoururent une vingtaine de verges de cette manière, et ils arrivaient au sommet, quand Roger vit Acaki allonger ses jambes derrière lui et replier ses bras, abaissant ainsi son corps jusqu’à presque ramper sur le ventre.

Ils continuèrent d’avancer. Roger suivant toujours son guide à une dizaine de pieds de distance et imitant tous ses mouvements, jusqu’à ce que la tête d’Acaki dépassa juste assez le bord de la berge pour que son regard put parcourir une partie de la rive opposée. Une fois là, il fit signe au jeune homme de se rapprocher, puis il lui montra du geste l’autre côté de la rivière.

Roger, en apercevant l’objet pour lequel le chef l’avait éveillé et amené en cet endroit, faillit pousser un cri de joie. Mais il se contint, car juste en face de lui et à bonne portée de fusil, — la rivière en cet endroit n’ayant pas plus d’une cinquantaine de verges de largeur — un superbe orignal, les quatre pieds dans le courant à une dizaine de pieds de la rive opposée, était en train de s’abreuver.

Ramenant son fusil en avant de lui, le jeune homme s’assura que la poudre emplissait bien la lumière et épaula. Mais il ne put s’empêcher, avant de viser pour tirer, d’admirer quelques instants le magnifique gibier qu’il tenait au bout de son arme.

L’orignal devait avoir entendu quelque bruit, — ou était-ce seulement son instinct qui venait de l’avertir qu’un danger le menaçait ? — car il avait brusquement relevé la tête et demeurait campé sur ses mem-