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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/93

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Acaki, suivi de Roger qui tient son fusil encore fumant à la main, dégringolent la pente qui les amène à la rivière, sautent dans un canot échoué près de là et font force d’avirons vers l’autre rive, où gît l’orignal qui se roidit dans les derniers soubresauts de la mort.

Ils y furent bientôt suivis par d’autres canots remplis de sauvages, que la détonation de l’arme à feu avait attirés.

Tous ensemble, ils s’empressèrent de retirer le gibier de l’eau et de l’étendre sur la grève. Puis ils l’entourèrent et l’un d’eux, toujours en extase devant l’adresse de Roger, fit remarquer aux autres que la balle avait atteint l’animal au défaut de l’épaule. Nul doute que, comme le gibier se présentait de trois quarts et que le tireur était un peu plus élevé que le gibier, la balle avait dû aller droit au cœur.

Pendant que les sauvages se mettaient à écorcher l’orignal et à le dépecer, afin d’en rapporter les meilleurs morceaux, le chef et le jeune Canadien regagnaient le camp.

Arrivés auprès des brasiers mourants, que les sauvages avaient abandonnés en entendant le coup de feu, les deux hommes s’assirent.

Après un moment de silence, le chef dit à son compagnon :

— Mon fils blanc a-t-il un nom ?

— Je m’appelle Roger, répondit celui-ci, jugeant inutile de mentionner son nom de famille.

— Roger ?… Qu’est-ce que cela signifie ?

— Cela signifie : Roger, tout simplement.

Acaki réfléchit quelques minutes et reprit :