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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/96

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des pelleteries et qui, à travers tout cela, ouvraient les voies à la civilisation.

Quelques-uns, parmi ces coureurs de bois, perdaient, au contact des sauvages, le peu de civilisation qu’ils possédaient au départ, épousaient des sauvagesses et devenaient plus sauvages que ceux avec qui ils vivaient. Mais la plupart, après quelques temps de cette vie, revenaient à leurs foyers, y retrouvaient leurs anciennes habitudes et redevenaient de bons et utiles citoyens. D’autant plus utiles que leur connaissance de la vie des sauvages les rendait des plus aptes à traiter avec ceux-ci, et que leur habitude de la forêt, la connaissance étendue qu’ils avaient acquise du pays en général et plus particulièrement du système des eaux canadiennes — seuls moyens de communication qui existaient alors au Canada — les mettait à même d’entreprendre les voyages les plus longs et les plus difficiles, que ce fût en canot ou à la raquette, pour aller rencontrer ceux avec qui ils voulaient traiter dans les parties les plus reculées du pays.

Ces différentes qualités, que l’on peut sans crainte qualifier d’essentiellement canadiennes, les mettaient en état de rendre d’immenses services aux habitants de la colonie dans leurs relations avec les différentes tribus sauvages. Et tout en rendant ces services à leurs contemporains, les coureurs de bois en rendaient un bien plus grand à leur race, en fondant des familles tellement nombreuses que leurs descendants se répandent maintenant dans tout le nord de l’Amérique.

En effet, quelle est la famille canadienne — nous voulons parler des familles dont les ancêtres vinrent s’établir au Canada sous la domination française —